Secteur industriel
4. Production d’énergie

Les unités de production électrique implantées sur le littoral français sont des centrales thermiques classiques, des centrales électronucléaires et des éoliennes. Le choix d’un site de production électrique est conditionné par les possibilités de refroidir ou diluer les effluents de la centrale. La mer, source froide naturelle et stable, rend la proximité du littoral intéressante pour la construction de centrales nucléaires ou thermiques. Cette implantation permet aussi de réduire les coûts de transports de combustible. Enfin, la mer est pourvoyeuse d’énergie, comme le montrent la centrale marémotrice en estuaire et les projets de parc éolien et d’hydroliennes au large de nos côtes.

1. Les centrales thermiques et nucléaires littorales

Ces centrales utilisent généralement l’eau de mer comme source froide. Les grosses unités littorales de production électrique fournissent une part importante de la puissance installée en métropole et notamment un peu plus de 30% de la puissance nucléaire totale.

Tableau 1. Centrales électriques installées sur le littoral
Unités / tranches Puissance nette (MW) Source d'énergie Mise en service Effectifs 9 Année de référence des effectifs Emprise (dont surface gagnée sur la mer) (ha)
Dunkerque (port) 1 1 et 2 2*400 Cycle combiné gaz naturel 2005 48 2012-2013 4.5
Gravelines (avant-port de Dunkerque 2 1 à 6 6*900 Nucléaire 1980-1985 2286 2014 150
Penly (Manche est) 3 1 et 2 2*1300 Nucléaire 1990-1992 918 2013 230 (70)
Paluel (Manche est) 1 à 4 4*1300 Nucléaire 1984-1986 2285 2014 160
Le Havre - port 4 1 600 Charbon 1983 250 2015 33
Flamanville (Manche ouest) 1 et 2 2*1300 Nucléaire 1985-1986 1176 2014 120 (60)
Flamanville 5 3 1650 Nucléaire (EPR) 2018 4000 2014-2015
Estuaire de la Rance 240 Marémotrice 1966 30 2013
Dirinon (Finistère) 6 2*85 Turbines à combustion 2011 7 2012-2013
2*0.85 Eoliennes 2004
Dinard - Manche ouest 7 Maintenance 30 2013
Cordemais (estuaire de la Loire) 8 2 et 3 2*700 Fuel 1976 650 2014 140
Cordemais 4 et 5 2*600 Charbon 1983-1984
Le Blayais (Gironde) 1 900 Nucléaire 1981 2047 2014 227
2 900 Nucléaire 1982
3 et 4 2*900 Nucléaire 1983
Martigues 2*465 Cycle combiné gaz 2012-2013 101 2014 42
0.1 Centrale photovoltaïque 2013
Total 24742 13828
  • 1 Utilisation de gaz provenant d'une unité sidérurgique et d'un terminal gazier voisins.
  • 2 Emprise : 150 ha, dont les deux tiers gagnés sur la mer.
  • 3 Gel du projet de réacteur pressurisé européen (EPR) fin 2012.
  • 4 Travaux de modernisation récents : 2014-2015.
  • 5 EPR en construction. Effectifs mentionnés pour mémoire (dont 800 agents EDF), non comptés dans les effectifs totaux des centrales en service.
  • 6 Estimation Ifremer de l'emploi moyen. Les TAC de Brennilis, dans le même département, ne sont pas considérées ici comme littorales.
  • 7 Service de maintenance des unités en fonctionnement en Bretagne, dont la centrale marémotrice.
  • 8 Modernisation des deux tranches charbon 2015-2017.
  • 9 Personnels permanents (exploitants et prestataires extérieurs), sauf mention contraire. Le total exclut les emplois sur chantiers de construction ou de rénovation.
  • ND non disponible

Source : EDF, Engie.

2. Energies renouvelables marines

2.1. Eoliennes en mer

L’éolien en général, et offshore en particulier, a atteint sa maturité industrielle ; sa rentabilité commerciale dépend inévitablement des prix de rachat par le réseau. L’Europe, pionnière de l’éolien en mer, avec 3230 éoliennes offshore raccordées au réseau et plus de 11 000 MW, représentait 91% de la puissance offshore mondiale installée en 2015 (source : Global Wind Energy Council - GWEC) ; le Royaume-Uni en représentait à lui seul 46%, l’Allemagne 30%, le Danemark 11,5%. En Europe, il s’agit d’éolien posé dans la quasi-totalité des cas (fût fixé sur une embase fixée elle-même sur le sol marin). Les investissements 2013 en éolien offshore en Europe étaient estimés de 4,6 à 6,4 milliards d’euros ; en 2015, ils atteignaient 18 milliards (source : WindEurope).

La France n’a pas encore d’éoliennes offshore. La construction de l’équivalent de 3 GW a été lancée sur six sites en mer après trois appels d’offres de 2011 à 2016. Hors Europe, la Chine constitue le 4e marché mondial, la puissance installée ayant dépassé 1 GW fin 2015, soit 8% de la puissance mondiale (source : GWEC).

L’éolien flottant ne fait encore l’objet que de quelques projets pilotes en Europe (Norvège, Ecosse, Japon, Portugal, France, Etats-Unis). Certains pays affichent cependant des projets de parcs à l’échelle commerciale dans les années qui viennent, en Europe et hors Europe, notamment en France.

Tableau 2. Capacité éolienne offshore installée en Europe
MW (MW)
1993 5
1994 7
1995 12
1996 29
1997 29
1998 32
1999 32
2000 36
2001 86
2002 256
2003 532
2004 622
2005 712
2006 805
2007 1122
2008 1496
2009 2073
2010 2955
2011 3829
2012 4994
2013 6561
2014 8008
2015 11027
2016 12631

Source : WindEurope

Tableau 3. Capacité éolienne offshore installée en Europe fin 2015 : principaux pays
Grande Bretagne Allemagne Danemark Belgique Pays-Bas Suède Finlande Irlande Espagne Portugal Norvège
MW (MW) 5061 3295 1271 712 427 202 26 25 5 2 2

Source : WindEurope

2.2. Autres projets dans les énergies marines

Les autres filières d’énergie marine font l’objet de tests ou de projets pilotes. On notera qu’en France, un appel à manifestations d’intérêt a été clôturé en octobre 2013, pour des projets pilotes concernant l’hydrolien marin, l’houlomoteur, l’éolien flottant et les énergies thermiques des mers.

  • Energie hydrolienne en France : deux prototypes, immergés au large de Paimpol-Bréhat, utilisent une technique irlandaise et totalisent une puissance de 1 MW. Le projet « Normandie Hydro » consiste à mettre en place sept unités de ce type dans le Raz Blanchard (Cotentin), raccordées au réseau en 2018.
  • Energie hydrolienne à l’étranger : une étude récente dénombre 159 techniques d’hydroliennes fluviales, estuariennes ou maritimes dont plus de la moitié sont testées par démonstrateurs et 6% sont au stade pré-commercial ou commercial. S’agissant de l’hydrolien maritime, l’Europe compte quelques projets existants ou en préparation au large de l’Ecosse (Pentland Firth : 1,9 GW), du Pays de Galles (Anglesey : 10 MW) et de l’Irlande du nord (1,2 MW). Les eaux du Royaume-Uni (Ecosse particulièrement) concentrent un potentiel hydrolien maritime de plus de 11 GW et les eaux françaises, 1 GW. Hors Europe, les zones à fort potentiel sont l’Amérique et surtout le Canada (2 GW) ; l’Asie et principalement la Chine (2 GW), le Japon (plus de 2 GW), la Corée du Sud (1 GW), les Philippines et la Russie (Sibérie) ; l’Océanie et surtout l’Australie (500 MW).
  • Houlomoteurs : un grand nombre de procédés sont étudiés dans le monde ; quelques prototypes sont en place au Portugal, Royaume-Uni (zone marine des Orcades), Danemark, Belgique, Suède, Australie, Etats-Unis. Les unités danoises et suédoises sont raccordées au réseau.
  • Centrales marémotrices : après le premier équipement de grande taille – la centrale de la Rance (240 MW), mise en service en 1966 –, la filière a fait l’objet d’un nombre limité d’investissements dans le monde, le plus récent d’entre eux étant le seul de taille importante : la centrale du lac de Sihwa, Corée du Sud, 254 MW, mise en service en 2011. Les nouveaux projets sont de taille modeste à l’exception de l’unité de 1320 MW annoncée en Corée ; aucun nouveau projet n’existe en France.
  • L’énergie thermique des mers (ETM), qu’il s’agisse d’installations à terre ou immergées, utilise la différence de température entre sources chaudes et sources froides, particulièrement exploitable en zones tropicales. Entre autres techniques à l’étude, un projet de centrale flottante de 16 MW en Martinique est en cours d’élaboration par un partenariat d’entreprises françaises.